Isulv était dans la salle dédiée au sport de la prison, occupé à travailler ses triceps, sans vraiment penser à rien. La musculation lui offrait le répit que son esprit lui permettait rarement. Après presque un an passé derrière les barreaux pour le meurtre du pourri qui lui servait de père, il n'avait pourtant guère changé. Ses cheveux avaient un peu poussés et quelques nouvelles cicatrices s'étaient ajoutées à sa collection déjà conséquente mais il s'en fichait.
Il ne comptait pas les jours, après tout que lui offrirait le monde extérieur à sa sortie ? Rien. Le milieu carcéral était pour lui à peine pire que ne l'avait été la maison familiale alors il s'y était assez vite adapté. Rares étaient les autres détenus essayant de chercher l'embrouille avec Varvulf et ceux qui s'y risquaient finissaient bientôt à l'infirmerie. Tout était bon pour lui mais son arme favorite restait le poing américain et le couteau. Il s'était fabriqué une sorte de gantelet à partir d'une ceinture de cuir et de clous qu'il avait réussi à piquer ici ou là.
Il s'exposait là, en ce moment de détente personnelle, torse nu et jouant des muscles, sûr de sa force. Il avait sympathisé avec un ancien de la prison pour lequel il lui arrivait de servir de bourreau depuis quelques mois. Son jeune âge ne le rendait pas moins cruel ni plus docile. Un léger brouhaha monta depuis l'extérieur de la pièce et bientôt un groupe de trois mecs baraqués et montés selon un modèle d'armoire à glace suédoise plutôt que d'être vivant se montrèrent. Il releva la tête et se sorti de son égarement quand il reconnu l'un des membres du trio.
(C'est la grande g' de la dernière fois... il a craché au bas mot trois dents avant de comprendre qu'il avait pas la moindre chance contre moi... S'il me touche il finira avec un nouveau passage à l'infirmerie. Tsss, les andouilles se multiplient apparemment.)
Sans dire un mot, il se redressa et posa le lourd accessoire de sport avant de détacher sa ceinture et de l'enrouler autour de son poing droit et de son poignet. D'un geste sec il la sécurisa, ce qui provoqua une légère hésitation de la part des gros bras. Ils étaient aussi forts et gras qu'Isulv était jeune et vif. Il roula des mécaniques avant de se saisir à nouveau du poids de musculation. Il tendit le poing droit et pris une posture provocante, remuant les doigts d'un air de dire.
(Allez ramène ta tronche... j'ai pas que ça à faire...)
Un de ses adversaires, au crane rasé et où apparaissait un petit tatouage en forme de 8 tracé à l'encre noire se jeta en avant, une arme improvisée à partir d'une plaque de fer aiguisée à force d'être frottée, serrée dans la main gauche. Un rictus mauvais passa sur la tronche du type mais bientôt se changea en grimace. Isulv avait concentré sa rapidité dans ses jambes et avait aisément détourné la lame d'un revers puissant, imprimant au passage la marque des poids sur le dos de la main de son adversaire, le faisant lâcher son arme de fortune. La contre-attaque fut cinglante et le poing droit claqua sèchement contre un menton carré et les clous s'y enfoncèrent une fraction de seconde. Isulv repris sa place sans un mot, bras maintenant repliés près du corps.
(Pitoyable... Bande de minables... Je vais vous écorcher vif...)
Faisant le vide dans sa tête, oubliant le lieu, l'heure, la raison du combat inévitable. Il se laissa aller à son instinct alors que les deux autres le chargeaient, l'autre se tenant le visage de sa main valide, maintenant souillée de rouge. Celui qu'il avait déjà bastonné n'avait guère plus de cheveux que le premier ni le second mais tout trois portaient la même marque en forme de 8.
Pivotant sur ses talons, il passa, presque dansant sous une tige de métal rendue pointue qui visait là où son oeil droit était une seconde plus tôt et un craquement sinistre se fit entendre quand le poing armé de la bête se ficha dans le coude exposé, luxant l'articulation avant que les clous souillés ne finissent le travail et que le sang ne gicle à nouveau. Un hurlement strident monta et fit tressaillir inconsciemment le jeune homme alors que son troisième adversaire était sur lui. Un savon passé dans deux grandes chaussettes passa trop près de la tempe d'Isulv qui se cambra dans une position peut commode pour l'éviter. Il profita alors de son déséquilibre pour envoyer son talon dans le poignet qui finissait sa course non loin de là. Ondulant comme un serpent, il se releva et fit face à ses trois adversaires. Le premier avait ramassé sa lame et le second avait attrapé une barre en fer servant normalement à porter des poids et la tenait comme une batte de baseball dans sa main indemne. Le sang coulait de la mâchoire inférieure du premier et le regard du second en disait long sur son envie de faire cracher ses dents au jeune homme.
« C'est finit pour toi, sale parricide ! On va te faire bouffer cette barre par le... » Tonna le second alors que le troisième se rapprochait également, faisant tournoyer sa savonnette.
Isulv soupira, ne daignant même pas répondre à la tentative d'intimidation. Il grogna et montra les dents comme l'aurait fait une bête sauvage avant de lancer brutalement le poids dans la face de celui qui venait de parler. Le lourd article de sport finit son vol dans le nez épaté du type et un nouveau craquement indiqua que le cartilage s'était rompu, si ce n'était pas l'os derrière. La masse s'écroula, ko sur le coup alors que le disque de métal heurtait le sol. Les deux autres se figèrent, un malaise les prenant en voyant leur pote se faire défoncer ainsi sans même une réponse... Isulv n'était pas connu pour son style honorable et employait volontiers des méthodes sournoises ou lâches, se mettant au niveau de ses adversaires.
« POSEZ VOS ARMES ET METTEZ GENOUX A TERRE-A-TERRE, BORDEL !!! » Beugla bientôt une voix venu de derrière le groupe, un groupe de gardiens venait de pénétrer la salle par le portique sécurisé et brandissait matraques ou tazers.
Bientôt, les armes improvisées tintèrent sur le sol alors que le groupe des armoires à glace se rendait. Isulv, toujours sans rien dire, détacha la ceinture et la jeta au sol d'un geste dédaigneux avant de se mettre à genoux, mains derrières la tête.
« Allez, au trou les guignols... » Une main le menotta sans douceur avant de le forcer vers un couloir.
Isulv était assit sur un banc de béton à peine couvert d'un tapis de sol isolant et d'une couverture miteuse. Un pot en aluminium complétait le décor et une lourde porte blindée avec judas et clapet fermait presque hermétiquement la cellule. Il regardait ses poings dans la pénombre. Seule une lumière tamisée provenait depuis sous la porte. Il percevait vaguement les formes arrondies, osseuses et aux muscles noueux qu'il tenait serrées devant lui. Il était sûr de les avoir vu briller pendant son dernier combat. Il était sûr d'avoir senti une étrange chaleur monter en lui alors qu'il combattait... Ce sentiment presque jouissif à l'instant où le nez s'était explosé sous l'impact du poids, ou le frisson quasi orgasmique qui avait suivit le hurlement de douleur... Il était perplexe, avait-il atteint un autre niveau dans sa schizophrénie latente ? Il haussa les épaules, une seule chose lui manquait quand il était dans cette cellule sombre : son gantelet improvisé. Il gronda son impuissance avant d'envoyer son premier poing dans le mur de béton, suivant du second et à nouveau du premier.
Il ne s'arrêta qu'une fois que ses phalanges furent humides de son propre sang tiède. Il imprima encore un moment la marque ensanglantée de ses poings dans le mur avant de se rasseoir sur ce qui lui servait de lit, comme si de rien n'était.
(La douleur... Tendre amie... Fidèle compagnon d'infortune... Toi seule ne m'abandonne pas quand je suis ici, dans l'ombre...)
Il s'adossa au mur, rapprochant ses genoux et ses pieds nus sous son menton et croisant les bras avant de reposer sa tête au creux de ses coudes, sa dextre souillant de rouge la couverture roulée sous lui. Il s'endormit ainsi, dans un sommeil aussi vain et froid que sa vie, vide de tout rêve car il avait oublié comment s'y prendre. Son dernier rêve avait été de voir son père mourir... Et Isulv était mort intérieurement en même temps qu'il abattait le couteau de cuisine en ce jour fatidique.
Il ne comptait pas les jours, après tout que lui offrirait le monde extérieur à sa sortie ? Rien. Le milieu carcéral était pour lui à peine pire que ne l'avait été la maison familiale alors il s'y était assez vite adapté. Rares étaient les autres détenus essayant de chercher l'embrouille avec Varvulf et ceux qui s'y risquaient finissaient bientôt à l'infirmerie. Tout était bon pour lui mais son arme favorite restait le poing américain et le couteau. Il s'était fabriqué une sorte de gantelet à partir d'une ceinture de cuir et de clous qu'il avait réussi à piquer ici ou là.
Il s'exposait là, en ce moment de détente personnelle, torse nu et jouant des muscles, sûr de sa force. Il avait sympathisé avec un ancien de la prison pour lequel il lui arrivait de servir de bourreau depuis quelques mois. Son jeune âge ne le rendait pas moins cruel ni plus docile. Un léger brouhaha monta depuis l'extérieur de la pièce et bientôt un groupe de trois mecs baraqués et montés selon un modèle d'armoire à glace suédoise plutôt que d'être vivant se montrèrent. Il releva la tête et se sorti de son égarement quand il reconnu l'un des membres du trio.
(C'est la grande g' de la dernière fois... il a craché au bas mot trois dents avant de comprendre qu'il avait pas la moindre chance contre moi... S'il me touche il finira avec un nouveau passage à l'infirmerie. Tsss, les andouilles se multiplient apparemment.)
Sans dire un mot, il se redressa et posa le lourd accessoire de sport avant de détacher sa ceinture et de l'enrouler autour de son poing droit et de son poignet. D'un geste sec il la sécurisa, ce qui provoqua une légère hésitation de la part des gros bras. Ils étaient aussi forts et gras qu'Isulv était jeune et vif. Il roula des mécaniques avant de se saisir à nouveau du poids de musculation. Il tendit le poing droit et pris une posture provocante, remuant les doigts d'un air de dire.
(Allez ramène ta tronche... j'ai pas que ça à faire...)
Un de ses adversaires, au crane rasé et où apparaissait un petit tatouage en forme de 8 tracé à l'encre noire se jeta en avant, une arme improvisée à partir d'une plaque de fer aiguisée à force d'être frottée, serrée dans la main gauche. Un rictus mauvais passa sur la tronche du type mais bientôt se changea en grimace. Isulv avait concentré sa rapidité dans ses jambes et avait aisément détourné la lame d'un revers puissant, imprimant au passage la marque des poids sur le dos de la main de son adversaire, le faisant lâcher son arme de fortune. La contre-attaque fut cinglante et le poing droit claqua sèchement contre un menton carré et les clous s'y enfoncèrent une fraction de seconde. Isulv repris sa place sans un mot, bras maintenant repliés près du corps.
(Pitoyable... Bande de minables... Je vais vous écorcher vif...)
Faisant le vide dans sa tête, oubliant le lieu, l'heure, la raison du combat inévitable. Il se laissa aller à son instinct alors que les deux autres le chargeaient, l'autre se tenant le visage de sa main valide, maintenant souillée de rouge. Celui qu'il avait déjà bastonné n'avait guère plus de cheveux que le premier ni le second mais tout trois portaient la même marque en forme de 8.
Pivotant sur ses talons, il passa, presque dansant sous une tige de métal rendue pointue qui visait là où son oeil droit était une seconde plus tôt et un craquement sinistre se fit entendre quand le poing armé de la bête se ficha dans le coude exposé, luxant l'articulation avant que les clous souillés ne finissent le travail et que le sang ne gicle à nouveau. Un hurlement strident monta et fit tressaillir inconsciemment le jeune homme alors que son troisième adversaire était sur lui. Un savon passé dans deux grandes chaussettes passa trop près de la tempe d'Isulv qui se cambra dans une position peut commode pour l'éviter. Il profita alors de son déséquilibre pour envoyer son talon dans le poignet qui finissait sa course non loin de là. Ondulant comme un serpent, il se releva et fit face à ses trois adversaires. Le premier avait ramassé sa lame et le second avait attrapé une barre en fer servant normalement à porter des poids et la tenait comme une batte de baseball dans sa main indemne. Le sang coulait de la mâchoire inférieure du premier et le regard du second en disait long sur son envie de faire cracher ses dents au jeune homme.
« C'est finit pour toi, sale parricide ! On va te faire bouffer cette barre par le... » Tonna le second alors que le troisième se rapprochait également, faisant tournoyer sa savonnette.
Isulv soupira, ne daignant même pas répondre à la tentative d'intimidation. Il grogna et montra les dents comme l'aurait fait une bête sauvage avant de lancer brutalement le poids dans la face de celui qui venait de parler. Le lourd article de sport finit son vol dans le nez épaté du type et un nouveau craquement indiqua que le cartilage s'était rompu, si ce n'était pas l'os derrière. La masse s'écroula, ko sur le coup alors que le disque de métal heurtait le sol. Les deux autres se figèrent, un malaise les prenant en voyant leur pote se faire défoncer ainsi sans même une réponse... Isulv n'était pas connu pour son style honorable et employait volontiers des méthodes sournoises ou lâches, se mettant au niveau de ses adversaires.
« POSEZ VOS ARMES ET METTEZ GENOUX A TERRE-A-TERRE, BORDEL !!! » Beugla bientôt une voix venu de derrière le groupe, un groupe de gardiens venait de pénétrer la salle par le portique sécurisé et brandissait matraques ou tazers.
Bientôt, les armes improvisées tintèrent sur le sol alors que le groupe des armoires à glace se rendait. Isulv, toujours sans rien dire, détacha la ceinture et la jeta au sol d'un geste dédaigneux avant de se mettre à genoux, mains derrières la tête.
« Allez, au trou les guignols... » Une main le menotta sans douceur avant de le forcer vers un couloir.
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Isulv était assit sur un banc de béton à peine couvert d'un tapis de sol isolant et d'une couverture miteuse. Un pot en aluminium complétait le décor et une lourde porte blindée avec judas et clapet fermait presque hermétiquement la cellule. Il regardait ses poings dans la pénombre. Seule une lumière tamisée provenait depuis sous la porte. Il percevait vaguement les formes arrondies, osseuses et aux muscles noueux qu'il tenait serrées devant lui. Il était sûr de les avoir vu briller pendant son dernier combat. Il était sûr d'avoir senti une étrange chaleur monter en lui alors qu'il combattait... Ce sentiment presque jouissif à l'instant où le nez s'était explosé sous l'impact du poids, ou le frisson quasi orgasmique qui avait suivit le hurlement de douleur... Il était perplexe, avait-il atteint un autre niveau dans sa schizophrénie latente ? Il haussa les épaules, une seule chose lui manquait quand il était dans cette cellule sombre : son gantelet improvisé. Il gronda son impuissance avant d'envoyer son premier poing dans le mur de béton, suivant du second et à nouveau du premier.
Il ne s'arrêta qu'une fois que ses phalanges furent humides de son propre sang tiède. Il imprima encore un moment la marque ensanglantée de ses poings dans le mur avant de se rasseoir sur ce qui lui servait de lit, comme si de rien n'était.
(La douleur... Tendre amie... Fidèle compagnon d'infortune... Toi seule ne m'abandonne pas quand je suis ici, dans l'ombre...)
Il s'adossa au mur, rapprochant ses genoux et ses pieds nus sous son menton et croisant les bras avant de reposer sa tête au creux de ses coudes, sa dextre souillant de rouge la couverture roulée sous lui. Il s'endormit ainsi, dans un sommeil aussi vain et froid que sa vie, vide de tout rêve car il avait oublié comment s'y prendre. Son dernier rêve avait été de voir son père mourir... Et Isulv était mort intérieurement en même temps qu'il abattait le couteau de cuisine en ce jour fatidique.
Clan invité : Arès.