Quelques silhouettes tassées auprès d'un feu rougeoyant dans un vieux baril. Tel était mon horizon, le seul but que j'étais désormais capable de me fixer. Tout mon corps m'élançait de courbatures, et le goût âcre de l'infortune avait envahi ma bouche. Alors que je m'approchais de cette source de lumière autour duquel ces hommes-épaves s'étaient réunis, ayant pour seul toit le pont de de l'échangeur autoroutier de la Santa Monica Road, je sentais leur réaction de crainte hostile.
Finalement, ils me laissèrent une place auprès de ce foyer de fortune. Ils le sentaient bien, je n'étais pas une fille de seize ans. J'étais un prédateur, une prédateur devenu proie, mais avec encore assez de hargne pour représenter une menace diffuse. Ce n'était pas tant mon visage scarifié qui les effrayait … Peut-être l'odeur de sang qui restait collée à ma peau depuis des années. Pourtant, ils comprirent bientôt que je ne leur causerait aucun ennui s'ils avaient la réserve de me laisser en paix.
Le visage hâve, je contemplais les débris de cagettes se tordre et se convulser sous l'action de ces petites bêtes rageuses que sont les flammes. Il me semblait qu'elles rongaient aussi mon estomac. Les flammes de la colère et de l'humiliation. L'impensable s'était produit : l'organisation de Velez avait été infiltrée. Et comme je me rappelais le visage de la taupe qui nous avait tous vendus aux
fédéraux, l'envie d'envoyer valdinguer le baril salvateur d'un coup de pied me prenait à la gorge.
Je rongeais mon frein. J'en réchappais de justesse. Cet imbécile s'était pris de fascination pour moi, et au lieu de me buter pour aller poursuivre les autres, il m'avait confiée aux bons soins de son bras cassé de collègue qui s'était révélé incapable de me maîtriser. Je pris une inspiration et fixait pensivement les rougeoiements du feu. Il faudrait tout remonter de zero. L'envie de travailler avec un parrain m'était sérieusement passée. Peut-être une petite affaire à moi avec quelques anciennes connaissances ? Mais pour le moment, faire profil bas. Et attendre …
Finalement, ils me laissèrent une place auprès de ce foyer de fortune. Ils le sentaient bien, je n'étais pas une fille de seize ans. J'étais un prédateur, une prédateur devenu proie, mais avec encore assez de hargne pour représenter une menace diffuse. Ce n'était pas tant mon visage scarifié qui les effrayait … Peut-être l'odeur de sang qui restait collée à ma peau depuis des années. Pourtant, ils comprirent bientôt que je ne leur causerait aucun ennui s'ils avaient la réserve de me laisser en paix.
Le visage hâve, je contemplais les débris de cagettes se tordre et se convulser sous l'action de ces petites bêtes rageuses que sont les flammes. Il me semblait qu'elles rongaient aussi mon estomac. Les flammes de la colère et de l'humiliation. L'impensable s'était produit : l'organisation de Velez avait été infiltrée. Et comme je me rappelais le visage de la taupe qui nous avait tous vendus aux
fédéraux, l'envie d'envoyer valdinguer le baril salvateur d'un coup de pied me prenait à la gorge.
Je rongeais mon frein. J'en réchappais de justesse. Cet imbécile s'était pris de fascination pour moi, et au lieu de me buter pour aller poursuivre les autres, il m'avait confiée aux bons soins de son bras cassé de collègue qui s'était révélé incapable de me maîtriser. Je pris une inspiration et fixait pensivement les rougeoiements du feu. Il faudrait tout remonter de zero. L'envie de travailler avec un parrain m'était sérieusement passée. Peut-être une petite affaire à moi avec quelques anciennes connaissances ? Mais pour le moment, faire profil bas. Et attendre …